ONU, Israël, Palestine : encore un effort Monsieur Macron !

mardi 29 octobre 2024

Les multiples réactions hostiles aux déclarations de Macron rappelant que la création de l’État d’Israël était consécutive à une décision de ONU illustrent l’état de pourrissement notre classe politico-médiatique. La palme revient sans aucun doute au député RN Julien Odoul qui a déclaré : « « Il y a 3000 ans, les rois David et Salomon n’ont jamais reçu de mandat de l’ONU pour régner sur Israël ».

Pour lire l’article : https://blogs.mediapart.fr/jean-fra...

Obscurantisme, révisionnisme et manichéisme, terreaux de la barbarie.

Cette évocation des rois Salomon et David pour attester l’existence plusieurs fois millénaire de l’état d’Israël sur la terre de Palestine est d’autant plus stupide que la très grande majorité des historiens et des archéologues s’accordent à affirmer que les rédacteurs de la Bible juive auraient enjolivé postérieurement voie même inventé leur existence « dans une perspective pan-israélite.
Il s’agissait de démontrer l’unification de la monarchie d’Israël, composée du royaume d’Israël au nord, et du royaume de Judée au sud », à côté des autres royaumes et états présents dans la région du Levant que certains revendiquent comme étant le « Grand Israël » : cités de Phénicie, États Philistins, royaumes d’Aram-Damas, d’Ammon, de Moab et d’Edom, à proximité de l’empire assyrien et des tribus nomades environnantes.

De fait, cette unité a bien existé, mais elle n’a guère résisté aux diverses invasions et occupations que la Palestine a connues au fil des siècles .
Ainsi, en 722 av. J.-C., le royaume d’Israël disparaît après la prise de sa capitale Samarie par les Assyriens, et ses habitants se réfugient au sud vers la capitale du royaume de Judée, Jérusalem, qui n’était jusqu’alors qu’une petite bourgade.
Puis les occupations par les empires qui ont dominé successivement cette région du Monde - babylonien, perse, grec, romain, byzantin, arabe, ottoman - ont eu raison de l’indépendance de ce royaume.

Ainsi, se référer à ces règnes légendaires pour justifier un raisonnement géopolitique au 21ème siècle relève de l’obscurantisme le plus avéré.

Comme le recours, maintes fois entendu, à des figures largement mythologiques, comme Abraham et de Moïse, ou encore l’évocation péremptoire de la promesse divine faite au peuple juif, il y a 4000 ans, de lui donner la terre de Palestine en héritage.
Cet obscurantisme n’a rien à envier à celui d’autres fondamentalistes, chrétiens ou musulmans, quand ils font appel à leurs textes « sacrés » révélés pour engager leurs actes privés comme publics, et les imposer aux autres.

Il s’y ajoute une forme particulière de révisionnisme, la réécriture de l’histoire, même récente.

N’a-t-on pas entendu, y compris certains hauts responsables de la République, nier effrontément que la création de l’État d’Israël résulte d’une décision de l’ONU en 1947, comme si l’existence de cet État était antérieure à cette date, à moins qu’elle lui en soit postérieure.
Sans remonter à Salomon, certains ont tenté, à tort, de faire de la déclaration Balfour de 1917 le point de départ de l’État d’Israël, sans prendre en compte le contexte particulier de l’époque, à savoir l’affrontement, au moyen orient, entre le Royaume Uni et l’empire Ottoman, et surtout le fait que si Balfour envisage favorablement la création d’un foyer national pour les juifs en Palestine, il ne s’agit pas à proprement parle un État, loin sans faut, puisque la couronne d’Angleterre souhaite faire de la Palestine une de ses colonies.
Sans compter que dans cette région du monde différentes communautés ethniques ou religieuses coexistent traditionnellement au sein d’une même entité nationale, et que l’idée d’un État juif homogène est à cette époque loin d’être majoritairement partagée

D’autres veulent remonter plus loin dans le temps en accréditant la thèse que la création du mouvement sioniste à la fin du 19ème siècle (avec ses diverses tendances et chapelles), serait le fait générateur de cette création.
Certes, ce mouvement est à l’initiative de l’existence d’une revendication nationaliste juive, même si de nombreux juifs, en Europe occidentale et aux USA n’en étaient pas partie prenante, voire y étaient hostiles.
elle s’appuyait en effet surtout sur la volonté d’échapper aux pogroms don les juifs étaient victimes en Europe centrale et orientale, notamment dans l’empire tsariste et en Pologne
Mais l’existence d’un sentiment national, voire même nationaliste, de signifie pas l’existence concrète d’un État.

D’autres encore veulent faire admettre que la création de l’État d’Israël daterait en réalité de sa déclaration d’indépendance en 1948, et de ses conséquences, la Nakba et la première guerre israélo-arabe.
Comme si la déclaration d’indépendance, suivie par la reconnaissance internationale du nouvel État n’avait pas été rendue possible par la décision de l’ONU qui la légitimait !

Tout cela montre bien que la prétention à nier le rôle déterminant de l’ONU dans la création de l’État d’Israël relève de la réécriture de l’histoire, et donc du révisionnisme.

Obscurantisme et révisionnisme ne seraient cependant que des éléments de propagande s’ils ne s’inscrivaient pas dans un manichéisme absolu.