Israël-Palestine, le 7 octobre et après (1 et 2) : un cadrage médiatique verrouillé

jeudi 9 mai 2024

Cet article est le premier volet d’une analyse qui tente de revenir, quatre mois après le début de la séquence ouverte suite aux attaques meurtrières du Hamas le 7 octobre 2023, sur les grands traits et les principaux biais du traitement médiatique de cette nouvelle étape du conflit opposant Israël aux Palestiniens.

Nous n’avons évidemment aucune prétention à l’exhaustivité, tant le volume de matériau est énorme, la question ayant fait la Une durant plusieurs semaines. Il s’agit plutôt, sans négliger le fait que nombre de journalistes ont tenté de donner à lire, voir et entendre autre chose, d’analyser le « bruit médiatique » dominant, entendu comme la somme des effets de cadrage, de (dé)légitimation et d’imposition de problématiques à l’œuvre dans les grands médias. Un bruit médiatique qui n’empêche pas, à la marge, d’autres sons de cloche de se faire entendre, mais qui est suffisamment puissant pour les atténuer considérablement, voire les rendre inaudibles.

Nous revenons dans ce premier article sur les cadres qui se sont imposés, au sein des médias dominants, dans l’immédiat après-7 octobre et qui, même s’ils ont parfois été en partie questionnés, ont continué, et continuent encore, de surdéterminer le traitement médiatique d’une séquence particulièrement tragique et, à ce jour, toujours en cours.

S’interroger sur les grandes caractéristiques et dynamiques du traitement médiatique de la nouvelle séquence du conflit opposant l’État d’Israël aux Palestiniens signifie questionner, en premier lieu, ce qui est apparu, à partir du 7 octobre, comme le périmètre « légitime  » du débat public ou, pour reprendre une formule chère à Alain Minc, le « cercle de la raison » – ou « cercle du réel et du possible  ». Autrement dit : les premiers et les principaux des biais que nous allons étudier ne concernent pas tant le contenu que le contenant et, avant d’envisager une étude critique de l’évolution de la couverture médiatique des événements eux-mêmes, ce qui fera l’objet d’un prochain article, il nous semble essentiel de poser la question du cadre global de cette couverture et des limitations/délimitations qui ont été posées d’emblée ou dans les premiers jours qui ont suivi le 7 octobre 2023.

N’en déplaise à Alain Minc et à ses héritiers, l’existence de ce « cercle de la raison » n’est en effet pas un donné mais un construit, et il est évident que, dans le débat public, par des effets de cadrage et de légitimation/délégitimation, les « grands médias » jouent un rôle central dans la construction de ce cercle : ce qui peut et ne peut pas être dit, ce qui doit et ne doit pas être dit, ce qui est contestable et ce qui ne l’est pas, etc. Il ne s’agit pas de dire ici que le discours médiatique sur Israël et les Palestiniens serait uniforme, mais d’avancer l’hypothèse selon laquelle, sur cette question comme sur bien d’autres, les grands médias produisent de lourds effets de cadrage et délimitent le périmètre du débat légitime.

Pour reprendre les termes du grand Alain Minc lui-même : «  C’est à l’intérieur de ce cercle du réel et du possible qu’un vrai débat démocratique doit s’instaurer. » [1] « L’Heure de vérité », France 2, 6 novembre 1994.] https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu...

Poursuivre la lecture de l’analyse  : https://www.acrimed.org/Israel-Pale...

Source  : ACRIMED