Gaza, partir ou mourir ?
C’est le choix que le gouvernement d’extrême droite israélien offre aux habitants de Gaza.
Poussée en masse vers le sud de l’enclave, la population est bombardée sans trêve. Le corridor humanitaire est un piège mortel. Israël a dépassé son « droit légitime à se défendre » pour passer à ce qui qu’il faut appeler un nettoyage ethnique et qui fait redouter une nouvelle Nakba.
La Nakba, l’exode forcé de 1948, c’est le traumatisme qui hante toujours la mémoire palestinienne. Le grand transfert est depuis longtemps le projet des extrémistes israéliens, une purification ethnique comparable au grand remplacement d’Eric Zemmour.
Or ces extrémistes sont au pouvoir et plus rien ne peut les arrêter. Certainement pas la « communauté internationale ». Le gouvernement français a exprimé son « soutien inconditionnel » à Netanyahou et a interdit les manifestations de soutien au peuple palestinien. On a vu le retour du chantage à l’antisémitisme, ce rayon paralysant contre quiconque ose critiquer la politique israélienne.
Mais, malgré l’assassinat des journalistes, les images parviennent aux yeux du monde. Atrocement entassés contre la frontière de Rafah et régulièrement bombardés, les Gazaouis peuvent-ils faire autre chose que d’espérer l’ouverture de la frontière avec l’Égypte ? Mais partir serait un déchirement, ce serait trahir des années de résistances et d’espoir, trahir les combattants et les martyrs.
C’est pourtant bien ce que souhaite le pouvoir d’Israël. Le 24 septembre à l’ONU, quelques jours avant la tuerie du 7 octobre, Netanyahou déclare qu’Israël est sur le point de conclure un accord avec l’Arabie saoudite et il brandit une carte où la Palestine ne figure plus. L’image fait le tour du monde. Cette éradication est une des causes des atrocités du 7 octobre. C’est la réponse : « nous ne disparaitrons pas ». La « question palestinienne » en voie d’effacement revient brutalement à la une dans la tuerie et dans la guerre. Soudain, avec le Hamas, Netanyahou retrouve son « ennemi partenaire », cet épouvantail qu’il a si patiemment fabriqué. Mais les palestiniens savent bien qu’il s’agit d’une guerre de libération coloniale et non une guerre de civilisation, ils évoquent aussi bien l’Algérie que le Vietnam.
En 2001, en reportage pendant la seconde intifada, alors qu’on était avec des habitants, serrés à l’abri d’un mur pendant un bombardement, un grand père nous a dit ce que les gazaouis adorent répétér :
« Notre seule façon de quitter notre terre c’est de monter au ciel ».
Eh oui Bibi, il va falloir que tu en tues encore beaucoup !
Daniel Mermet (debout) à côté de Noam Chomsky dédicaçant ses livres à Paris (2010).
Source : UJFP Daniel Mermet