Netanyahou vend Gaza à des milices privées !
« La prochaine catastrophe est en cours »
Noa Landau, Haaretz, 22 octobre 2024 (Traduction DeepL) https://www.haaretz.com/opinion/2024-10-22/ty-article-opinion/.premium/netanyahu-is-selling-gaza-to-private-militias/00000192-b563-dcbd-ab92-b5fb6c5a0000
Commentaires, le 25 oct 24 à 17h26, de l’article Les nouveaux buts de guerre d’Israël | Mediapart
L’opposition israélienne (ou ce qu’il en reste) attaque fréquemment le gouvernement Netanyahou pour son manque de vision et de plan d’action. Mais ce que beaucoup ont tendance à oublier, c’est que pour le Premier ministre Benjamin Netanyahu, l’absence de plans ordonnés n’est pas synonyme d’absence de politique. Au contraire, ses politiques sont toujours déterminées par des actions sur le terrain, et non par des discours ou des ratifications formelles.
Tout au long de ses années de mandat, M. Netanyahou a bénéficié d’une ambiguïté délibérée, y compris de messages contradictoires en hébreu et en anglais. Mais la réalité ne ment pas. C’est ainsi que, très lentement, de grandes parties de la Cisjordanie ont été annexées de facto, sans aucune législation. Et c’est exactement ce qui se passe actuellement dans la bande de Gaza.
Alors que les adversaires de M. Netanyahou le critiquent pour son absence de plan organisé pour Gaza au lendemain de la guerre, dans la pratique, un tel plan est mis en œuvre par des actes. Tout d’abord, il s’agit d’occuper de grandes parties de Gaza, d’en expulser les habitants, de détruire leurs maisons, de paver de nouvelles routes et de construire des avant-postes militaires et d’autres infrastructures pour le long terme. Et actuellement, cela se fait également en proposant un plan visant à transférer le contrôle civil de Gaza à des entreprises privées, qui seront payées pour cela.
Le gouvernement s’est passablement éloigné de l’intention qu’il avait annoncée en février, sous la forte pression américaine, de transférer le contrôle civil de Gaza à des « acteurs locaux ayant une expérience administrative » qui « ne sont pas identifiés avec des pays ou des organisations qui soutiennent la terreur ». Ensuite, il a été prévu de transférer la responsabilité de l’aide humanitaire à Gaza aux Forces de défense israéliennes, un euphémisme pour désigner un gouvernement militaire.
Aujourd’hui, en raison de l’opposition de l’armée à être impliquée dans la distribution de l’aide, la décision d’engager une société privée israélo-américaine pour s’occuper de cette question est en train de prendre forme.
L’entreprise qui a récemment été citée comme candidate, GDC, est un entrepreneur militaire du type de ceux qui ont inondé l’Irak et l’Afghanistan pendant l’occupation américaine de ces pays. Les nombreuses études qui ont été menées sur ce système au fil des ans ont révélé qu’il comportait d’énormes risques. Il s’agit de sociétés mercenaires, et leur respect du droit international et des normes internationales soulève de grandes questions.
Essentiellement, ce système privatiserait le pouvoir militaire sur Gaza en le confiant à des sociétés privées ayant des intérêts financiers privés, et rien d’autre. L’objectif est de transférer la responsabilité morale et juridique d’Israël à ces milices armées. En effet, dans une interview très troublante publiée mardi dans le Yedioth Ahronoth, le fondateur et PDG de la société, Moti Kahana, a déclaré que « si quelque chose se produit, nous enverrons un message aux habitants de Gaza : vous ne voulez pas vous frotter à nous ». Il s’agit là d’une véritable ligne mafieuse.
Outre le fait qu’Israël n’a pas le droit de décider qui devrait contrôler les affaires civiles de Gaza après la fin du règne du Hamas, tout cela est fait uniquement pour éviter de permettre à l’Autorité palestinienne de s’implanter dans la région. Il s’agit d’une continuation directe de la politique de soutien au Hamas et d’affaiblissement de l’Autorité palestinienne que Netanyahou a mise en œuvre tout au long de ses années au pouvoir. C’est une autre politique qui a été déterminée par des actions et des dollars, alors même que d’autres l’attaquaient pour son manque supposé de vision diplomatique.
Ce qu’Israël aurait dû faire, en collaboration avec une coalition internationale dirigée par les États-Unis, c’est construire une alternative palestinienne au gouvernement du Hamas. Le plan actuel donne à des entrepreneurs privés les clés du contrôle civil de Gaza et transforme ainsi Gaza en un nouvel Irak, ce qui sera une tragédie pour des générations.
Parallèlement à ce processus, M. Netanyahou tire également profit de l’ambiguïté qu’il sème quant à sa position sur l’implantation de colonies dans la bande de Gaza. D’une part, il affirme que cela n’arrivera pas (ou plus exactement, que c’est « irréaliste »). Mais d’autre part, son parti organise des événements pour promouvoir ce rêve messianique. Sur cette question également, le facteur décisif ne sera finalement pas les mots, mais le premier poste de colonisation, qui sera « difficile à évacuer ».
Dans la pratique, le plan de Netanyahou pour la Gaza d’après-guerre consiste en une occupation militaire, des mercenaires et des colonies. C’est une recette infaillible pour la prochaine catastrophe.