Israël affirme avoir tué le chef du Hamas Yahya Sinwar à Gaza

vendredi 18 octobre 2024

Israël a annoncé jeudi que le chef du Hamas Yahya Sinouar, considéré comme l’architecte de l’attaque du 7 octobre, avait été tué lors d’une opération dans la bande de Gaza, le Premier ministre Benjamin Netanyahu affirmant toutefois que la guerre "n’était pas encore terminée".
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Jérusalem (AFP) Publié le 17/10/2024 à 21:34
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Ce militant radical de 61 ans dirigeait depuis 2017 le mouvement islamiste palestinien à Gaza, avant d’être nommé début août chef politique du Hamas après la mort d’Ismaïl Haniyeh, tué à Téhéran le 31 juillet dans une attaque imputée à Israël.

L’armée et les services du renseignement intérieur "confirment, qu’après une traque d’un an", des soldats "ont éliminé Yahya Sinouar (...) lors d’une opération dans le sud de la bande de Gaza" mercredi, a indiqué l’armée.

Les forces israéliennes opéraient "ces dernières semaines" dans le sud du territoire palestinien à la suite d’informations indiquant la présence probable de hauts responsables du Hamas, a-t-elle ajouté.

Elles ont "identifié et éliminé trois terroristes" et les procédures d’identification ADN du corps ont "confirmé que le chef du Hamas avait été éliminé".

La mort de Yahya Sinouar, considéré comme le cerveau de l’attaque d’une ampleur sans précédent menée par le mouvement palestinien le 7 octobre 2023 sur le sol israélien, qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza, n’a pas été confirmée par le Hamas dans l’immédiat.

C’est "une étape importante" dans le déclin du Hamas, a déclaré Benjamin Netanyahu. "Le Mal a pris un coup sévère mais la tâche qui nous attend n’est pas encore terminée", a-t-il ajouté.

Le chef d’Etat-major de l’armée, le général Herzi Halevi, a affirmé que la guerre "ne s’arrêterait pas" avant la capture de tous les auteurs du 7-Octobre et le retour de "tous les otages" retenus à Gaza.

Appels à libérer les otages

L’attaque du Hamas le 7 octobre a entraîné la mort de 1.206 personnes en Israël, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles israéliennes et incluant les otages morts ou tués en captivité à Gaza. Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées ; 97 sont toujours captives dont 34 ont été déclarées mortes par l’armée.

Après l’annonce de la mort de Sinouar, le président américain Joe Biden a salué une "bonne journée pour Israël, les Etats-Unis et le monde".

"Il est désormais possible d’envisager un +jour d’après+ à Gaza sans le Hamas au pouvoir, ainsi qu’un règlement politique offrant un avenir meilleur aux Israéliens comme aux Palestiniens", a-t-il affirmé dans un communiqué, ajoutant que "Yahya Sinouar était un obstacle insurmontable à la réalisation de tous ces objectifs".

Kamala Harris, candidate démocrate à la Maison Blanche, a aussi déclaré que sa mort offrait "l’occasion" de "mettre fin" à la guerre à Gaza.

Yahya Sinouar était "responsable d’actes de terrorisme odieux", a pour sa part affirmé le président israélien, Isaac Herzog, appelant à "ramener" les otages.

Pour le chef de la diplomatie isréelienne, Israël Katz, son "élimination" est "une occasion pour la libération immédiate des otages et ouvre la voie à un changement profond à Gaza".

Le Forum des familles, principale association des proches d’otages en Israël, a "demandé instamment de tirer parti de cette avancée majeure pour assurer le retour" des derniers captifs.

Cinq soldats tués

Cette annonce intervient dans un contexte explosif au Moyen-Orient, où Israël pilonne depuis le 23 septembre les positions du Hezbollah au Liban, qui avait ouvert un front transfrontalier dès le 8 octobre 2023 en soutien au Hamas.

Après avoir affaibli le Hamas, Israël a déplacé l’essentiel de ses opérations sur le front libanais et lancé le 30 septembre des incursions au sol dans le sud du Liban pour combattre le mouvement islamiste libanais.

Israël affirme vouloir neutraliser le Hezbollah à la frontière pour permettre le retour dans le nord de son territoire de quelque 60.000 personnes déplacées par ses tirs incessants depuis un an.

Jeudi, des frappes ont visé le sud et l’est du Liban, bastions du Hezbollah avec la banlieue sud de Beyrouth.

En près d’un mois, au moins 1.373 personnes ont été tuées dans le pays, d’après un décompte de l’AFP à partir de données officielles, l’ONU recensant près de 700.000 déplacés.

Le Hezbollah a affirmé jeudi avoir tiré des roquettes contre des troupes israéliennes près du plateau du Golan syrien annexé par Israël, et détruit deux chars israéliens dans le sud du Liban.

L’armée israélienne a annoncé la mort de cinq soldats dans le sud du Liban, sans en préciser la date, portant à 19 le nombre de soldats israéliens tués depuis le début de l’offensive au sol.

L’Iran, allié du Hezbollah et du Hamas, a menacé d’attaquer "douloureusement" Israël s’il frappait des cibles "en Iran ou dans la région", en riposte à l’attaque de missiles menée par Téhéran sur le territoire israélien le 1er octobre à laquelle Israël a juré de répondre.

Cette attaque avait été présentée par l’Iran comme des représailles à l’assassinat d’Ismaïl Haniyeh, et à celui de Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, tué dans une frappe israélienne le 27 septembre près de Beyrouth.

Quatorze morts à Gaza

Dans la bande de Gaza, au moins 14 personnes ont été tuées par une frappe israélienne sur l’école Abou Hussein abritant des déplacés dans le camp de Jabalia (nord), selon deux hôpitaux locaux.

Jabalia est encerclée et pilonnée depuis le 6 octobre par l’armée israélienne qui affirme que le Hamas tente d’y reconstituer ses forces.

L’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens a pointé un "vrai risque" de famine dans le territoire palestinien assiégé et dévasté, accusant "certains membres du gouvernement israélien" d’en faire "une arme de guerre".

Au moins 42.438 Palestiniens ont été tués, majoritairement des civils, dans l’offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l’ONU.