Gaza, jour 374 : après une nouvelle nuit d’horreur, Israël tire sur un centre de distribution alimentaire

mardi 15 octobre 2024

Israël poursuit sa guerre génocidaire dans toute la bande de Gaza. Au moins 28 Palestinien·nes ont été assassiné·es cette nuit dans deux attaques israéliennes simultanées visant des campements de réfugié·es dans le centre de l’enclave. Au nord, dans le camp assiégé de Jabalia, des témoins rapportent que l’armée a tué au moins 10 personnes qui attendaient devant un centre de distribution de nourriture.

Par l’Agence Média Palestine, le 14 octobre 2024
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Photo : Des Palestiniens tentent d’éteindre un incendie sur le site d’une attaque israélienne contre des tentes abritant des personnes déplacées à Deir al-Balah, le 14 octobre (Reuters/Ramadan Abed).

Une nouvelle nuit d’horreur

Deux attaques aériennes simultanées de l’armée israélienne ont fait de nombreuses victimes cette nuit. L’une a visé l’hôpital Al Aqsa à Deir Al Balah, l’autre une école abritant des réfugiés à Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza.

Dans la cour de l’hôpital Al Aqsa, des dizaines de tentes hébergeaient des Palestinien·nes fuyant les bombardements. L’incendie causé par une frappe israélienne s’est propagé rapidement entre les tentes, les matelas et les vêtements. Les témoins rapportent qu’entre 20 et 30 tentes ont pris été détruites.

Au moins 4 personnes sont mortes et 70 ont été blessées, mais les médecins d’Al Aqsa craignent que ce bilan s’alourdissent dans les prochaines heures. Mohammad Tahir, chirurgien bénévole, a pris en charge des personnes brûlées sur 60 à 80 % de leur corps. Il estime que beaucoup d’entre elles ne survivront pas.

« Les patient·es présentant un pourcentage élevé de brûlures sont malheureusement condamné·es. Elles et ils n’atteindront même pas l’unité de soins intensifs. Elles et ils vont mourrir », déclare le médecin à Al Jazeera depuis l’extérieur de l’hôpital Al-Aqsa. « C’est un véritable spectacle d’horreur. Honnêtement, j’ai parfois l’impression que ce n’est pas la vraie vie, que cela peut continuer et que ce degré de souffrance est autorisé dans ce monde ».

C’est la septième fois en un an que l’hôpital Al-Aqsa est visé par des frappes israélienne, causant à chaque fois la mort violente de nombreux·ses civil·es qui pensaient y trouver un abri. La semaine dernière, une commission d’enquête internationale indépendante des Nations unies a publié un rapport selon lequel Israël mène « une politique concertée visant à détruire le système de santé de Gaza ».

Les survivant·es de l’incendie meurtrier provoqué par une frappe israélienne sur un hôpital de Gaza tôt lundi sont encore sous le choc. « Dès que nous nous sommes couchés [pour dormir], la frappe a touché la cour de l’hôpital et environ sept minutes plus tard, il y a eu un incendie. Nous nous sommes précipités », déclare Maha al-Sarsak, une survivante de l’attaque, au média Middle East Eye. « Je ne sais pas quoi dire. J’ai vu la mort de mes propres yeux. C’était effrayant. »

« Je n’ai jamais rien vu de tel. J’ai vu quelque chose brûler dans le feu et j’ai pensé que c’était un matelas, puis j’ai réalisé que c’était une femme », a-t-elle déclaré à MEE alors qu’elle fondait en larmes. « J’ai vu la femme et ses enfants dans le feu et je n’ai pas pu les aider. Je suis ensuite entrée dans l’hôpital et j’essayais de dire aux gens ce que j’avais vu, mais je perdais la voix. Personne ne pouvait les atteindre. »

Peu de temps avant ce massacre, c’est une école de l’Unwra, réhabilitée en campement pour réfugié·es qui a été visée. Au moins 22 Palestinien·nes ont été assassinés, et des douzaines d’autres ont été blessés. Philippe Lanzarini, porte parole de l’UNWRA, a qualifié ce massacre de « nouvelle nuit d’horreur » et déploré que cette attaque venait en outre perturber la campagne de vaccination qui devait y commencer le lendemain. « Gaza est un enfer sans fin. Tout cela ne doit pas devenir la nouvelle norme. L’humanité doit prévaloir. »

Dans le camp de réfugié·es assiégé de Jabalia, l’armée tue les affamé·es

Al Jazeera rapporte que ce lundi 14 octobre au matin, un bombardement israélien a tué 10 Palestinien·nes, dont des enfants, et en a blessé des dizaines d’autres alors qu’elles et ils faisaient la queue dans un centre de distribution de nourriture dans campement de Jabalia assiégé.

L’armée israélienne a lancé une nouvelle invasion terrestre majeure dans le nord de la bande de Gaza il y a dix jours. Selon les autorités sanitaires, plus de 300 personnes ont été tuées au cours de ce siège. Les ambulances et les équipes médicales ne peuvent pas accéder à la zone pour transporter les victimes vers les hôpitaux en raison des restrictions imposées par l’armée israélienne.

L’OCHA estime que plus de 400 000 personnes seraient menacées par ce nouvel assaut sur le nord de Gaza, la population souffrant des pénuries de nourriture, d’eau et de carburant. Les dernières opérations militaires israéliennes y ont entraîné la fermeture de puits d’eau, de boulangeries, de points médicaux et d’abris, ainsi que la suspension des services de protection, du traitement de la malnutrition et des espaces d’apprentissage temporaires. Dans le même temps, les hôpitaux ont enregistré un afflux sans précédent de blessé·es.

« Les civil·es doivent être protégé·es et leurs besoins fondamentaux doivent être satisfaits. De multiples voies d’accès doivent être ouvertes pour que les fournitures essentielles et les besoins humanitaires sûrs puissent être fournis aux personnes dans le besoin, où qu’elles se trouvent. Les civil·es ne doivent pas être contraint·es de choisir entre le déplacement et la famine. », affirme Muhannad Hadi, coordinateur humanitaire pour le territoire palestinien occupé.