Reportage A Gaza en guerre, mêmes habits « depuis dix mois » et chaussures trouées

jeudi 22 août 2024

Dans l’enclave palestinienne, ravagée par la guerre qui dure depuis le 7 octobre, on s’habille comme on peut avec ce qu’il reste de la vie d’avant. Et cela traduit toutes les pénuries que subissent ses habitants.

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Un Palestinien à Khan Younès le 6 juillet 2024.

Informer depuis Gaza est extrêmement compliqué. Aucun journaliste ne peut y entrer, à l’exception de brèves incursions au sein d’unités de l’armée israélienne. Seuls ceux qui étaient sur place avant le 7 Octobre continuent d’informer sur la situation. Parmi eux, des reporters de l’Agence France-Presse, dont nous publions ce jour le reportage.

« Quand j’étais enceinte, je rêvais d’habiller ma fille avec de beaux vêtements. Aujourd’hui, je n’ai rien à lui mettre », se lamente Safaa Yassine, déplacée de la ville de Gaza. Son bébé est emmailloté depuis des mois dans le même body. « Je ne pensais pas un jour ne pas pouvoir habiller mes enfants », poursuit cette Palestinienne de 38 ans, qui s’est réfugiée à Al-Mawasi, dans le sud-ouest de la bande de Gaza, où une guerre fait rage depuis le 7 octobre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas. « Les rares vêtements que j’ai trouvé avant de fuir vers le sud n’étaient ni à la bonne taille ni de saison », confie la mère de famille.

Faten Jouda, elle aussi, peine à vêtir son fils, 15 mois, engoncé dans un pyjama trop court. « Il grandit chaque jour et tous ses vêtements ne lui vont plus mais je n’en trouve pas d’autres », raconte à l’AFP cette trentenaire. Et les enfants ne sont pas les seuls à pâtir du manque de vêtements dans la bande de Gaza qui, à son âge d’or, au début des années 90, comptait 900 usines textiles. Ce secteur employait alors 35 000 personnes et chaque mois, quatre millions de pièces étaient envoyées en Israël. Avec l’imposition du blocus israélien à la prise de pouvoir du Hamas en 2007, ces chiffres ont fondu.

Usines à l’arrêt

Ces dernières années, seuls 4 000 Gazaouis étaient employés dans une centaine d’ateliers dont une poignée seulement parvenait encore à envoyer 30 000 à 40 000 pièces vers Israël et la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël. En janvier, après trois mois d’une guerre déclenchée par une attaque inédite du Hamas en Israël, la Banque mondiale estimait que 79 % des établissements du secteur privé de la bande de Gaza avaient été partiellement ou totalement détruits. Et même les usines encore debout sont à l’arrêt faute d’électricité depuis des mois. Le fioul pour les générateurs n’entre qu’au compte-goutte et va en priorité aux hôpitaux et aux infrastructures de l’ONU.

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SOURCE : Libération