Les manifestants israéliens veulent-ils vraiment la démocratie ?
Le véritable test de cette vague de protestations aura lieu une fois la victoire acquise : les foules rentreront-elles chez elles ou pousseront-elles à un changement radical ?
Un manifestant se tient devant des pneus en feu sur l’autoroute Ayalon, à Tel Aviv. Des dizaines de milliers de manifestants sont descendus dans la rue après que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a limogé le ministre de la Défense Yoav Gallant, qui avait appelé à suspendre la réforme judiciaire prévue par le gouvernement, le 26 mars 2023. (Oren Ziv)
Par Orly Noy
Après 13 semaines de manifestations publiques enflammées et sans précédent, la nuit de dimanche à lundi et la matinée de lundi ont apporté des développements historiques : non seulement une escalade continue des manifestations elles-mêmes, mais aussi l’annonce d’une grève générale par le puissant syndicat israélien, des grèves supplémentaires dans les universités du pays et des fermetures d’ambassades israéliennes dans le monde entier. Ces scènes, associées à l’annonce potentielle par le Premier ministre Benjamin Netanyahu qu’il mettait en pause son coup d’État judiciaire, ont conféré aux manifestations de lundi – en particulier celles qui se sont déroulées devant la Knesset à Jérusalem – une atmosphère différente : moins de peur et de rage, et davantage un rare sentiment d’accomplissement. Et ce, à juste titre.
Le fait que les manifestations puissent réussir à suspendre le coup d’État judiciaire, voire à l’empêcher complètement, est un moment crucial pour la société civile israélienne. Le fait de savoir qu’un public aussi large se révolte à juste titre contre la menace qui pèse sur ses droits renforce considérablement l’idée même de démocratie.
D’un autre côté, il est difficile d’ignorer l’impression de déjà-vu qui accompagne ces manifestations. Il y a moins de deux ans, tout un camp politique a célébré la chute du gouvernement Netanyahou, après des semaines de protestations qui ont duré presque aussi longtemps que la vague de manifestations actuelle. À l’époque également, les protestations étaient unies par le fait qu’elles étaient contre quelque chose – le régime Netanyahu – et non pour quelque chose. À l’époque, comme aujourd’hui, les manifestants estimaient que le caractère même de l’État était en jeu.
Mais le point le plus critique de tous est la compréhension par les manifestants du terme « démocratie »