Les manifestants israéliens descendent dans la rue pour sauvegarder la démocratie de la race supérieure
Le fait que les droits mêmes dont jouissent ces manifestants et qu’ils craignent de perdre ont toujours été basés sur la dépossession et l’oppression du peuple palestinien, révèle que leur mouvement de protestation cherche résolument à préserver non pas la démocratie, mais la démocratie de la race supérieure.
7 janvier 2023, en marge d’une manifestation de masse, des militants dénoncent le colonialisme de peuplement israélien (Photo : ActiveStills, via Twitter)
Joseph Massad, 14 mars 2023.
Les Juifs israéliens libéraux et leurs partisans internationaux sont de retour. Ils ont soudainement attiré l’attention après que le nouveau gouvernement dirigé par Benjamin Netanyahu a annoncé ses plans de réforme judiciaire – une décision qui affecterait les libertés coloniales des Israéliens juifs en tant que citoyens privilégiés de l’État juif sur le plan racial et colonial.
Marchant chaque semaine par milliers, ils exigent que le gouvernement renonce à sa guerre contre le système judiciaire. Dans leurs rangs, ces multitudes comprennent des généraux d’armée, des pilotes de chasse et même d’anciens premiers ministres.
Les massacres et pogroms en cours commis par le gouvernement et les colons contre le peuple palestinien ne sont même pas sur leur écran radar.
Les partisans internationaux des manifestations israéliennes comprennent des politiciens et des universitaires juifs aux États-Unis et en Grande-Bretagne. L’ancien maire de New York, le milliardaire Michael Bloomberg, a écrit un article pour le New York Times avertissant que le nouveau gouvernement israélien « courtise le désastre » et met en danger « la démocratie même sur laquelle le pays a été construit ».
L’universitaire juif britannique pro-israélien Simon Schama a averti qu’Israël devenait une « théocratie nationaliste », un destin horrible pour un pays qu’il décrit comme s’étant auparavant engagé à « l’égalité des droits civils pour tous les groupes religieux et ethniques ».
Margaret Hodge, députée travailliste et présidente parlementaire du Mouvement travailliste juif, a également qualifié les actions du gouvernement Netanyahu d’« attaque contre la démocratie ».
Pas la première fois
Ce n’est pas la première fois que les juifs israéliens libéraux, et en particulier ashkénazes, sont incités à agir contre ce qu’ils perçoivent comme une prise de contrôle politique dangereuse d’Israël qui empiéterait sur leurs droits.
Ils l’avaient fait auparavant et avec une vigueur égale, notamment lorsque Menahem Begin, d’origine polonaise, et sa coalition du Likud ont été élus en 1977 et à nouveau en 1981, et après l’invasion du Liban par Begin en 1982.
Lors de l’élection de Begin, les universitaires libéraux ashkénazes sont entrés en action, accusant les juifs orientaux primitifs (principalement arabes) du glissement de leur pays dans le populisme de droite. Étant donné qu’une majorité de juifs orientaux ont voté pour le Likud dirigé par les Ashkénazes lors d’un vote de protestation contre la Coalition travailliste dirigée par les Ashkénazes, qui dirigeait Israël depuis 1948 et discriminait racialement les Juifs orientaux, les libéraux ashkénazes n’ont pas pu être contenus.
À la fin des années 1980, des universitaires et des intellectuels ashkénazes ont tenté d’expliquer le soutien des Juifs orientaux au Likud. Les raisons allaient de leur prétendue haine viscérale de tout ce qui est arabe (contrairement aux Ashkénazes prétendument éclairés et épris d’arabe) à leur manque de conscience socialiste et de soutien aux structures de gouvernement autoritaires, principalement en raison de leur origine arabe et du fait d’avoir grandi dans une culture arabe « autocratique ».