La police israélienne a fait irruption au centre culturel français de Jérusalem-Est.
S’il fallait une preuve que la partie orientale de Jérusalem est occupée (et annexée) par Israël, le gouvernement de Benyamin Netanyahou vient d’en apporter une des plus odieuses. Hier, la police israélienne a fait fermer le centre culturel français de Jérusalem-Est après y avoir fait intrusion.
Les policiers ont ordonné l’évacuation des personnes qui s’y trouvaient et sa fermeture jusqu’à nouvel ordre. Ils entendaient ainsi faire annuler une manifestation culturelle organisée avec une association de Palestiniennes. « Il s’agissait d’un événement en lien avec la Fête des mères » qui a lieu chaque année le 21 mars dans une partie du monde arabe, pour vendre des objets d’artisanat confectionnés par des femmes de Jérusalem, a expliqué l’une des membres palestiniennes qui devaient participer à l’événement.
Selon l’association, sa directrice et une bénévole ont été arrêtées par les forces de l’ordre puis libérées peu après. Au moment de l’intervention de la police israélienne, le consul général de France « s’est rendu immédiatement sur les lieux et a protesté contre l’intrusion dans l’une de nos enceintes appartenant à notre réseau diplomatique et culturel », a indiqué une source diplomatique française. Le consul a « demandé aux policiers de quitter les lieux, ce qui s’est fait dans la matinée », a-t-elle précisé, ajoutant que le consulat prenait l’incident « au sérieux ».
Des manifestations culturelles régulièrement interdites
Israël accuse l’association d’être « sponsorisée ou financée par l’Autorité palestinienne » et d’avoir organisé cet événement « sans autorisation ». Pour Tel-Aviv, toutes les activités de l’Autorité palestinienne à Jérusalem sont considérées comme illégales. Cette attitude israélienne n’a rien de vraiment étonnant. Les Palestiniens de Jérusalem-Est vivent en permanence cet état d’occupation. Outre les manifestations culturelles régulièrement interdites, ils subissent également la politique de judaïsation de cette partie de la ville. De plus en plus de colons viennent s’y installer, investissant des maisons palestiniennes pendant que les autorités refusent tout permis de construire aux Palestiniens, voire procèdent à des démolitions. Depuis la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël par les États-Unis, Tel-Aviv accélère le processus. Hier, Donald Trump a estimé dans un tweet qu’il était temps de reconnaître également la souveraineté d’Israël sur le plateau du Golan (syrien) occupé. La France peut-elle laisser ses centres culturels à la merci d’une police d’occupation ? Hier soir, Paris n’avait toujours pas réagi.
Pierre Barbancey - l’Humanité