Israël : le tribunal du travail de Tel-Aviv ordonne la fin de la grève générale

mardi 3 septembre 2024

JPEG - 145.4 ko Au lendemain des manifestations d’ampleur consécutives à la découverte des corps de six nouveaux otages, de nombreux secteurs sont mis à l’arrêt ce lundi 2 septembre en Israël. Un tribunal de travail israélien vient d’ordonner d’arrêter le mouvement.

Routes, écoles et centres commerciaux fermés, services municipaux fermés à Tel-Aviv mais ouverts à Jérusalem, vols partiellement perturbés à l’aéroport Ben Gourion…Le mouvement de grève en Israël lancé par la puissante centrale syndicale Histadrout – en vue d’accroître la pression sur le gouvernement de Benyamin Nétanyahou pour obtenir la libération des otages retenus à Gaza – et qui a été inégalement suivi ce lundi selon les secteurs, s’est heurté à la mi-journée à la décision d’un tribunal du travail israélien. « Après avoir entendu les opinions des parties et lu les documents déposés, nous émettons un ordre national interdisant la grève qui a été lancée, précisant que la grève doit cesser aujourd’hui à partir de 14h30 », a ainsi fait savoir le tribunal du Travail de Tel-Aviv dans sa décision.

L’organisation syndicale, par la voix de son dirigeant Arnon Bar David, avait pourtant appelé dimanche à une « grève générale », dans la foulée de manifestations massives après l’annonce de la mort de six otages retenus par le Hamas dans la bande de Gaza. Plusieurs grandes villes comme Tel-Aviv et Haïfa ont bien respecté le mot d’ordre de grève, annonçant la fermeture des services municipaux lundi. Les principales compagnies de bus Egged, Dan et Metropolin sont à l’arrêt, tout comme le tramway de Tel-Aviv et le Carmelit d’Haïfa. Celui de Jérusalem était fermé pour la matinée. Les magasins d’alimentation et les supermarchés restent majoritairement ouverts, mais les grands centres commerciaux sont fermés. Des hôpitaux et cliniques fonctionnent en situation d’urgence. Les ministères, les autorités et les services gouvernementaux sont aussi grève. Des grandes banques ont également baissé leur rideau. Des perturbations ont également été enregistrées à l’aéroport Ben Gourion de Tel-Aviv, où les départs ont néanmoins repris partiellement à 10 heures, après deux heures d’interruption totale.

Mais le mouvement était partiellement suivi, plusieurs municipalités, notamment celle de Jérusalem, n’ayant pas suivi l’appel. Et dans les localités participant au mouvement, les transports publics, gérés par des entreprises privées, fonctionnaient au moins partiellement. Dans les services gouvernementaux aussi, le débrayage a été partiellement respecté. A la suite d’une demande du ministre des Finances, Bezalel Smotrich (extrême droite), le procureur général israélien a également demandé au tribunal du travail de se prononcer contre la grève, arguant que sa motivation était d’ordre politique et ne concernait pas un conflit collectif de travail.

Une grève dénoncée par le gouvernement

L’appel de la Histadrout avait été repris par le Forum des affaires d’Israël, qui représente la plupart des travailleurs du secteur privé de 200 des plus grandes entreprises du pays, ainsi que par le chef de l’opposition Yaïr Lapid. Le Forum des entreprises d’Israël, qui représente la plupart des travailleurs du secteur privé, ainsi que des centaines d’entreprises technologiques, de fabricants et de cabinets d’avocats, avait aussi rejoint le mouvement de grève. « Nous ne sommes plus un seul peuple ; nous sommes camp contre camp » et « nous devons ramener l’Etat d’Israël », martelait dimanche soir Arnon Bar David.

Du côté du gouvernement, la réponse n’avait pas non plus tardé. L’appel à la grève générale avait suscité la colère de Bezalel Smotrich, qui avait qualifié la grève d’illégale et déclaré que ce mouvement faisait le jeu du Hamas. La municipalité de Jérusalem avait, elle, annoncé qu’elle ne coopérerait pas avec la grève, de même que les villes d’Ashdod, Bnei Brak ou encore Ramle, et toutes les municipalités et conseils de Cisjordanie.

Benyamin Nétanyahou, sur qui la pression ne cesse de s’accroître pour mettre fin à près de onze mois de guerre à Gaza en concluant un accord de cessez-le-feu et de libération des otages, a déclaré que l’Etat hébreu maintiendrait son cap tant que le Hamas n’aura pas été vaincu. « Quiconque assassine des otages ne veut pas d’un accord », a-t-il martelé.

Source : Libération
https://www.liberation.fr/international/moyen-orient/israel-une-greve-generale-declenchee-pour-mettre-la-pression-sur-benyamin-netanyahou-au-sujet-des-otages-20240902_RGR7MBNNWNDIJPC4IBKYTD5JS4/