Europe et Palestine Stupidité ou lâcheté ?
L’Europe refuse de reconnaître l’apartheid envers les Palestiniens.
PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE ; Colons israéliens à la sortie de la colonie de Beit Romano, à Hébron, en Cisjordanie
Le ministre des Affaires étrangères de l’Union européenne, Josep Borrell, a déclaré que l’expression « apartheid » pour décrire le comportement israélien envers les Palestiniens dans les territoires occupés de Cisjordanie et Gaza est « inappropriée ». Serait-ce qu’il trouve la politique israélienne « appropriée » ?
Tout adjectif a son contraire. Ce faisant, Borrell ignore une montée de profond dégoût chez une part grandissante de l’électorat européen envers la politique israélienne, d’autant plus que l’opprobre général, y compris dans les milieux juifs américains, se manifeste face aux excès répugnants de ministres israéliens comme Smotrich et Ben Gvir, sous l’œil consentant de ce voyou de premier ministre israélien qu’est devenu Benyamin Nétanyahou.
Ce dernier a fait l’objet de protestations massives en Israël en raison de son quasi-coup d’État juridique pour émasculer la Cour suprême israélienne et s’assurer l’immunité face aux accusations portées contre lui depuis plusieurs années sans qu’elles aient jamais abouti, d’un recours à l’autre. On a assisté au phénomène rarissime d’une réprimande officielle des États-Unis par la voix de son président, ce qui constitue une ingérence patente de la première puissance au monde dans les affaires intérieures de son plus proche allié. Les pressions accumulées contre Nétanyahou ont obtenu un report, mais non l’annulation, des mesures envisagées et partiellement engrangées par la Knesset.
Faut-il refaire un peu d’histoire pour comprendre que cette accusation d’apartheid est hautement justifiée, comme l’a si bien démontré le rapport d’Amnistie internationale l’an dernier ?
Un raccourci historique ne rend jamais justice aux faits, mais essayons néanmoins. C’est à la fin du XIXe siècle que le retour mythique à la terre promise d’Israël prend forme avec la publication par Herzl du livre L’État juif. Il voyait cette création comme la réponse essentielle aux nombreux pogroms infligés depuis la nuit des temps aux malheureux Juifs dans le monde, surtout aux mains des chrétiens.
La déclaration du ministre britannique Balfour de 1917 proposant la création d’un foyer national juif en Palestine enclenche le processus qui nous amènera jusqu’aujourd’hui. L’immigration juive vers la Palestine prend une ampleur considérable au détriment progressif des Palestiniens. En 1945, la découverte de l’horreur de la Shoah et du massacre de plus de 6 millions de Juifs par les sbires de Hitler suscite un courant de sympathie compréhensible envers les survivants, ce qui mène au partage de la Palestine décrété pas l’Organisation des Nations unies en 1947 au détriment des Palestiniens, ensuite chassés en grand nombre de chez eux par les forces israéliennes et éparpillés chez leurs voisins arabes.
Le joug de l’occupation
La suite est connue : les guerres entre Israël et les pays arabes conduisent à des traités de paix non sans qu’Israël se soit approprié la totalité de la Palestine, les Palestiniens qui restaient encore dans leur ancien territoire tombant sous le joug de l’occupation israélienne. Et c’est de ce joug que l’on parle aujourd’hui !
Bien qu’il soit profondément regrettable que les Palestiniens soient divisés entre les terroristes intransigeants du Hamas à Gaza et le régime déliquescent de l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas en Cisjordanie, la réalité, c’est qu’Israël ne s’est jamais vraiment rallié, à une exception près, à l’idée d’un État palestinien. Le Hamas sert les desseins israéliens en démontrant l’impossibilité d’un accord entre les trois parties.
Depuis plus de 20 ans, la colonisation israélienne en Cisjordanie se poursuit imperturbablement en dépit des objurgations timides des grandes puissances de l’heure.