Après huit mois de conflit dans la bande de Gaza, le traumatisme psychologique de la guerre "est ancré dans l’ADN des Palestiniens"

vendredi 21 juin 2024

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Une femme pleure devant la tombe d’un de ses proches, à Rafah, dans la bande de Gaza, le 10 avril 2024

ONG et soignants opérant dans les territoires palestiniens alertent sur les conséquences d’un "traumatisme collectif", qui affectera même les générations futures.
"Mentalement, nous sommes détruits." En quatre mots, Khitam al-Kurd résume les conséquences psychologiques de huit mois de guerre sur les habitants de la bande de Gaza. Cette Palestinienne de 31 ans est arrivée en France en février, pour faire soigner son fils de 3 ans. "Quand je dors, je ne fais que des cauchemars", raconte la réfugiée, qui a dû laisser ses deux aînés dans l’enclave palestinienne.

Comme elle, des centaines de milliers de Gazaouis montrent des signes de traumatisme, après des mois de crise humanitaire et d’opérations militaires qui ont fait plus de 37 300 morts, selon le bilan établi lundi 17 juin par le ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, territoire contrôlé par le Hamas. "Ce que nous voyons ne relève pas des troubles du stress post-traumatique (TSPT), car nous ne sommes pas dans la phase ’d’après’", souligne Jesus Miguel Perez Cazorla, coordinateur du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) sur la santé mentale dans la bande de Gaza. "Le traumatisme que vivent ces personnes est en cours."

Les TSPT sont par exemple observés chez des soldats de retour du front, qui réagissent à des bruits forts leur rappelant les explosions des bombes, alors que "la menace est imaginaire", précise Samah Jabr, psychiatre à Jérusalem-Est et cheffe des services de santé mentale en Cisjordanie occupée. "Dans le cas des Gazaouis, les symptômes comme l’hypervigilance ne sont pas une réaction inadaptée à des stimuli extérieurs : c’est nécessaire pour survivre, car la menace est partout", insiste-t-elle.

Une "destruction psychologique totale"

Depuis le mois d’octobre, tous les Gazaouis ont été exposés à la violence et au stress des déplacements forcés. L’hôpital européen de Gaza, où interviennent des équipes du CICR, abrite "depuis des mois" des familles "déplacées à de multiples reprises". "Ce n’est pas un environnement sain, entourés d’urgences médicales, de sirènes, de bruits d’explosions, déplore l’organisation auprès de franceinfo. Nous voyons de nombreux patients qui souffrent de dépression et d’anxiété, face à la peur de ce que leur réserve l’avenir."

Les enfants, en particulier, "ont perdu tout sentiment de sécurité", constate Alexandra Saieh, directrice du plaidoyer chez Save the Children. En 2022, l’ONG a publié un rapport révélant que quatre mineurs sur cinq dans l’enclave palestinienne souffraient de dépression, de troubles du sommeil ou de stress, après quinze ans de blocus et d’épisodes répétés de violences. Depuis octobre, la situation s’est encore dégradée. "Une mère nous a parlé de la destruction psychologique totale de son enfant", détaille Alexandra Saieh.

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Source  : FRANCE INFO