La connexion Sinwar – Sur l’assassinat du colonel Daqsa à Jabaliya (ANALYSE)

mardi 22 octobre 2024

La 401e brigade de Daqsa n’est qu’une des nombreuses brigades qui ont été affectées à cette tâche. Le célèbre colonel israélien était à Jabaliya pour évaluer l’avancement des combats.
PNG - 316.8 ko Le colonel Ihsan Daqsa a été tué par la Résistance palestinienne à Jabaliya. (Photo : capture vidéo, via AJA)

Dans un premier temps, les médias israéliens, citant des sources militaires, ont affirmé que le colonel Ihsan Daqsa se trouvait à l’intérieur de son char, quelque part à Jabaliya, lorsqu’il a été tué par la Résistance palestinienne dans le nord de Gaza.

L’histoire, qui faisait état de l’assassinat du plus haut responsable militaire israélien depuis le début de la guerre, a commencé à changer. Plus tard, les médias israéliens ont rapporté que Daqsa avait été tué à une vingtaine de mètres de son véhicule.

Mais pourquoi cette version des faits a-t-elle été modifiée ? Il est plausible que le chef militaire israélien et trois autres officiers aient été tués alors qu’ils étaient à pied. Il est également plausible que la version des faits ait été modifiée pour indiquer que Daqsa est mort, comme le chef du Hamas Yahya Sinwar, alors qu’il combattait jusqu’à son dernier souffle.

Sinwar a été tué à Tel Al-Sultan, un quartier adjacent à la ville de Rafah, dans le sud du pays. La manière dont Sinwar a été tué est déjà devenue une légende, peut-être sans équivalent dans l’histoire de la résistance palestinienne au colonialisme britannique et sioniste et à l’occupation israélienne de la Palestine.

Avec une main presque coupée, à court de balles et de grenades, épuisé et au bord de la mort, Sinwar attrape un morceau de bois et le lance vers le drone israélien venu assurer sa disparition.

Il est intéressant de noter que Daqsa, le commandant de la 401e brigade, a également combattu à Tel Al-Sultan, et ses troupes ont dû s’engager dans des affrontements directs avec Sinwar et ses combattants.

Plus tard, il fut transféré à Jabaliya pour mener une guerre d’extermination contre toute âme vivante dans un petit camp de réfugiés au nord de Gaza dont la taille équivaut à peine à celle d’un seul quartier d’une vraie ville.

Le génocide de Jabaliya

Jabaliya reste invaincue. L’armée israélienne a déjà tenté de l’envahir à deux reprises et a échoué. Le 9 octobre , Israël a mené sa tentative la plus violente pour s’emparer de Jabaliya afin de forcer la population de toute la région à faire un choix entre mourir de faim, mourir sous le poids des bombes israéliennes ou accepter le nettoyage ethnique au sud.

La 401e brigade de Daqsa n’est qu’une des nombreuses brigades qui ont été affectées à cette tâche. Le célèbre colonel israélien était à Jabaliya pour évaluer l’avancement des combats.

Il est tout à fait logique de supposer que Daqsa et sa compagnie – les commandants en chef de la 162e division et du 52e bataillon – visitaient des zones de la zone qu’ils considéraient comme les plus sûres. Ils avaient tort, bien sûr. Tout comme Israël a prouvé qu’il n’existe aucun endroit sûr à Gaza, la Résistance palestinienne continue de démontrer qu’il n’existe pas non plus d’endroit sûr pour l’armée israélienne à Gaza.

Ceux qui accompagnaient Daqsa dans sa mission ont également été blessés, certains étant dans un état critique.

Daqsa est le quatrième colonel à être tué depuis le début de la guerre. Selon les médias israéliens, son remplaçant est le lieutenant-colonel Meir Biederman. Parviendra-t-il à terminer le travail sanglant entrepris par Daqsa et d’autres ? C’est peu probable.

Pas de sécurité pour les envahisseurs

Enfin, il faut dire quelque chose sur le moment choisi pour l’assassinat du colonel et la blessure des autres officiers. Certains en Israël s’attendaient, ou peut-être espéraient, que l’assassinat de Sinwar marquerait le début de la fin de la résistance à Gaza. L’annonce d’aujourd’hui montre que c’est tout le contraire.

Il y a beaucoup à dire sur les raisons pour lesquelles il en est ainsi, par exemple sur le fait que la résistance de Gaza n’est pas motivée par le zèle d’un seul leader, mais par la dynamique même de la résistance, en tant que réponse directe à l’oppression israélienne dans toute la Palestine.

Il faut cependant noter que le modèle de résistance en vigueur à Gaza ne suit pas une hiérarchie pyramidale. Il s’inscrit plutôt dans une structure militaire décentralisée où les décisions sont prises par des commandants locaux sur le terrain et, si nécessaire, par de petits groupes de combattants qui peuvent ne compter que trois membres.

Certains analystes palestiniens affirment que la tuerie de Daqsa est une réponse de la résistance à la tuerie de Sinwar. C’est peut-être le cas. Cependant, pour les combattants palestiniens dans les rues de Jabaliya, tuer un colonel de haut rang ou un simple soldat envahisseur fait partie d’une guerre prolongée qui ne peut prendre fin qu’avec le retrait des envahisseurs.

Source : La Chronique de Palestine