La Knesset israélienne rejette la création d’un État palestinien

samedi 20 juillet 2024

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La résolution indique que la création d’un État palestinien constituerait un "danger existentiel" pour Israël.

Photo : Le parlement israélien adopte une résolution contre un Etat palestinien, 18 juillet 2024 © Quds News Network

Le Parlement israélien a adopté une résolution qui rejette massivement la création d’un État palestinien, ont rapporté les médias israéliens.

La résolution a été adoptée à la Knesset avec 68 voix pour et seulement neuf voix contre, tôt dans la journée de jeudi.

Elle affirme qu’un État palestinien représenterait "un danger existentiel pour l’État d’Israël et ses citoyens, perpétuerait le conflit israélo-palestinien et déstabiliserait la région".

La coalition du Premier ministre Benjamin Netanyahu et des partis d’extrême droite a coparrainé la résolution. Le parti de centre-gauche du leader de l’opposition Yair Lapid a quitté la session pour éviter de soutenir la déclaration, bien qu’il ait précédemment déclaré qu’il était en faveur d’une solution à deux États, a rapporté le journal Times of Israel.

Mustafa Barghouti, secrétaire général de l’Initiative nationale palestinienne, a critiqué l’adoption de la résolution.

"Aucun parti sioniste du gouvernement et de l’opposition n’a voté contre la résolution", a-t-il écrit sur X. "Cette résolution représente un rejet de la solution à deux États."

"Cette résolution représente un rejet de la paix avec les Palestiniens et une déclaration officielle de la mort de l’accord d’Oslo", a posté M. Barghouti.

Les accords d’Oslo, signés pour la première fois entre les dirigeants palestiniens et israéliens en 1993, prévoyaient la création d’un État palestinien viable et souverain vivant côte à côte avec un État israélien.

Mais Israël a continué à adopter des politiques telles que la construction de colonies illégales sur des terres palestiniennes à travers la Cisjordanie occupée et un blocus complet de Gaza.

Hussein al-Sheikh, représentant de l’Autorité palestinienne, a condamné la résolution sur les réseaux sociaux, déclarant que le rejet de la Knesset "confirme le racisme de l’État occupant et son mépris du droit international et de la légitimité internationale, ainsi que son insistance sur l’approche et la politique visant à perpétuer l’occupation pour toujours".

Le ministère jordanien des affaires étrangères a déclaré que l’approbation de la résolution constituait une violation "dangereuse" du droit international.

"Les efforts continus d’Israël pour nier le droit inaliénable des Palestiniens à un État indépendant et souverain selon les lignes du 4 juin 1967, avec Jérusalem occupée comme capitale, n’apportent pas la sécurité et la paix dans la région", peut-on lire dans une déclaration citant le porte-parole du ministère, Sufyan al-Qudah.

Le Times of Israël a cité la résolution en ces termes : "Ce ne sera qu’une question de temps avant que le Hamas ne prenne le contrôle de l’État palestinien et ne le transforme en une base terroriste islamique radicale, travaillant en coordination avec l’axe dirigé par l’Iran pour éliminer l’État d’Israël."

Elle a ajouté qu’un État palestinien à ce stade serait une "récompense pour le terrorisme et ne ferait qu’encourager le Hamas et ses partisans à considérer cela comme une victoire", en référence aux attaques menées par le Hamas le 7 octobre dans le sud d’Israël, qui ont déclenché le conflit actuel.

Cette décision n’est toutefois pas nouvelle pour la Knesset, qui a déjà rejeté la création d’un État palestinien. Un nombre croissant de pays ont reconnu le statut d’État palestinien, notamment l’Espagne, la Slovénie, la Norvège et l’Irlande.

Cette résolution intervient alors que M. Netanyahou doit s’adresser au Congrès américain la semaine prochaine à Washington, ce qui a provoqué des divisions parmi les législateurs du parti démocrate qui se sont élevés contre la conduite d’Israël dans sa guerre contre la bande de Gaza.

Mercredi, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a déclaré que la politique d’Israël en Cisjordanie occupée compromettait toute perspective de solution à deux États.

"Par des mesures administratives et juridiques, Israël modifie la géographie de la Cisjordanie", a déclaré M. Guterres dans une déclaration lue par son chef de cabinet, Courtenay Rattray, lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU.

"Les développements récents enfoncent un pieu dans le cœur de toute perspective de solution à deux États", a-t-il déclaré. "Nous devons changer de cap. Toutes les activités de colonisation doivent cesser immédiatement."

Le chef de l’ONU a ajouté que les colonies constituaient une violation flagrante du droit international et un obstacle à la paix avec les Palestiniens.

Source Al Jazeera
Traduction : AFPS